Stress lié au combat, Notes d'allocution de l'ombudsman des vétérans, Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes

Ottawa ON
Canada

Comparer au discours prononcé

Monsieur le Président,

Chers membres du comité,

Merci de m’avoir invité à comparaître devant le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes.

Il s’agit de ma première comparution devant un comité parlementaire, et j’ai hâte d’échanger avec vous. Je suis accompagné de mon directeur de la Recherche et des Enquêtes et conseiller en politiques stratégiques, le Colonel (retraité) Charlie Cue.

Vous m’avez invité à venir parler du travail que fait le Bureau de l’ombudsman des vétérans relativement au stress lié au combat et à ses conséquences sur le mieux-être des vétérans et de leurs familles. Je tiens tout d’abord à vous féliciter, vous, membres du Comité, pour le travail que vous faites dans cet important dossier, et je souligne également les efforts des autres organismes qui y participent. Je ferai tout mon possible pour enrichir la discussion.

Mais, avant d’aller plus loin, permettez-moi de vous expliquer la façon dont le Bureau de l’ombudsman des vétérans fonctionne sous ma direction.

Nous offrons trois principaux services à la communauté des vétérans :

  1. De l’information concernant les divers programmes et services offerts aux vétérans et à leurs familles par Anciens Combattants Canada et par d’autres groupes servant la communauté des vétérans;
  2. De l’aide et des renvois pour les vétérans qui viennent nous voir, souvent en dernier recours, après avoir été ballotés d’un organisme à l’autre et reçu des conseils contradictoires; et
  3. Des services d’intervention, qui peuvent aller d’une simple séance de médiation informelle entre un vétéran et un responsable de programme ou un fournisseur de services concernant un seul point de discorde, à une intervention complexe, comme une enquête complète relativement à un problème systémique et aboutissant à un rapport officiel assorti de recommandations.

Revenons maintenant au sujet qui nous préoccupe. D’abord, bien que le sujet à l’étude soit le stress lié au combat, je préfère parler de « traumatismes liés au stress opérationnel », puisque c’est un terme plus général. Même si nous n’avons pas reçu beaucoup de plaintes touchant précisément le problème de stress lié au combat, il s’agit d’un facteur sous-jacent de bon nombre des plaintes reçues : un état derrière le problème. Par conséquent, le Bureau de l’ombudsman des vétérans surveille activement ce qui se passe dans ce domaine.

Je vais vous présenter deux exemples qui font ressortir les difficultés qu’éprouvent certains vétérans et leurs familles lorsqu’ils communiquent avec Anciens Combattants Canada et qui illustrent le fait que le ministère semble ne pas être en mesure de s’occuper de vétérans qui sont en situation de crise.

Prenons le premier exemple. Un vétéran habitant Montréal bénéficiait des services psychiatriques d’un médecin à Ottawa. Anciens Combattants Canada, reconnaissant l’importance de la relation patient-médecin, a convenu de rembourser les frais de déplacement du vétéran. Or, le médecin a été affecté à Trenton et, à un moment donné, le vétéran s’est retrouvé en situation de crise et il a demandé la permission de se rendre à Trenton pour voir son médecin. Anciens Combattants Canada lui a dit qu’il ne rembourserait pas ses dépenses. Trois mois après, l’épouse du vétéran a téléphoné à Anciens Combattants Canada parce que le vétéran était devenu suicidaire. Le ministère lui a conseillé de composer le 9-1-1. Comme dernier recours, elle a communiqué avec le Bureau de l’ombudsman des vétérans, qui a entamé des négociations avec Anciens Combattants Canada en son nom. Durant les pourparlers, le ministère de la Défense nationale s’est manifesté, a réglé le problème en deux jours et a accepté de rembourser les frais liés au déplacement du vétéran à Trenton.

Voyons maintenant le second exemple. Au cours d’une entrevue de transition approfondie, il a été déterminé qu’un vétéran souffrait de problèmes graves de santé mentale. Anciens Combattants Canada n’a pas fait de suivi auprès du vétéran après sa retraite des Forces canadiennes. Après que son état s’est détérioré, le vétéran a eu des démêlés avec la justice et il s’est retrouvé dans un établissement psychiatrique. La famille a communiqué avec le Bureau de l’ombudsman des vétérans, car elle ne savait plus vers qui se tourner. Le Bureau a communiqué avec Anciens Combattants Canada, et la question a été réglée.

Ces deux exemples démontrent que l’incapacité de répondre rapidement aux besoins des vétérans qui sont aux prises avec un traumatisme lié au stress opérationnel peut dégénérer rapidement en des situations de vie ou de mort. C’est pourquoi le Bureau de l’ombudsman des vétérans continuera d’assurer une surveillance étroite et de donner des conseils à l’égard des services et des programmes destinés aux vétérans qui souffrent de traumatismes liés au stress opérationnel. Il en va de même pour l’exercice de transformation du ministère, car toute mesure qui est susceptible de simplifier et d’accélérer la prestation des services aura un effet doublement positif sur les vétérans souffrant de problèmes de santé mentale.

Le Bureau de l’ombudsman des vétérans va collaborer avec Anciens Combattants Canada – et parfois le mettre au défi – dans le dossier de la santé mentale, chaque fois qu’il interviendra, au cas par cas, au nom de vétérans individuels. De plus, il était crucial pour nous d’apprendre à notre personnel comment s’occuper de vétérans qui sont en détresse quand ils nous appellent. Cette formation s’est avérée efficace.

Les interventions du Bureau dans des cas individuels, les discussions avec le ministère au sujet des problèmes de santé mentale et toute recherche systémique que le Bureau pourrait entreprendre à l’avenir seront éclairées par les recherches et les études menées par d’autres organismes. Cela devrait éviter le chevauchement des efforts.

Il y a plusieurs sujets pertinents que vous pourriez étudier, d’autant plus qu’ils ont peut-être été relégués au second plan par des sujets plus visibles :

  1. L’accès aux cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel;
  2. Les problèmes liés à la transition;
  3. Les lourdeurs administratives;
  4. La façon dont Anciens Combattants Canada aborde de nouvelles recherches;
  5. La stratégie nationale sur les vétérans sans abri;
  6. La sensibilisation et l’accès aux programmes et aux services destinés aux réservistes; et
  7. Le manque de recherches sur les vétérans ayant eu des démêlés avec la justice.

En 2011, je continuerai à faire progresser les questions liées aux vétérans et aux anciens combattants en jetant la lumière sur des pratiques injustes et en présentant des recommandations réalistes en vue de les modifier. Cela profitera à tous les vétérans, y compris ceux qui souffrent de traumatismes liés au stress opérationnel.

Pour orienter le Bureau et mieux concentrer ses efforts au cours de la prochaine année, j’ai choisi le thème « Un seul groupe de vétérans ». Ce thème appuiera le principe selon lequel les marins, les militaires, les aviateurs et les membres de la Gendarmerie royale du Canada ne remettent pas en question quand ni où ils doivent servir. C’est pourquoi il s’agit d’une injustice du premier ordre pour Anciens Combattants Canada et la Gendarmerie royale du Canada de déterminer le niveau d’accès aux programmes et aux avantages en fonction du service. À cette fin, je travaillerai étroitement avec des groupes de défense des intérêts des vétérans et des anciens combattants pour les encourager à unir leurs efforts dans le but de concrétiser le principe d’« un seul groupe de vétérans » à Anciens Combattants Canada, en misant sur le service en général, plutôt que sur le lieu et la période du service. J’estime que la mise en œuvre de ce principe simplifierait les processus, réduirait les coûts et améliorerait la prestation des services aux vétérans et aux anciens combattants.

Au cours des prochains mois, dans la foulée du rapport Le service avec honneur, le départ dans la dignité, publié par le Bureau en septembre 2009, je prévois poursuivre les recommandations déjà présentées au ministre des Anciens Combattants relativement aux frais de funérailles et d’inhumation. Je présenterai aussi des recommandations portant sur des problèmes d’injustice relatifs au Programme pour l’autonomie des anciens combattants, et je regarderai d’un œil critique l’exercice de transformation du ministère.

Je vous encourage, vous et vos collègues parlementaires, d’adopter le plus rapidement possible le projet de loi C-55, Loi modifiant la Loi sur les mesures de réinsertion et d’indemnisation des militaires et vétérans des Forces canadiennes et la Loi sur les pensions. Bien qu’il ne soit pas complet, le soutien additionnel prévu par le projet de loi répond à certaines des préoccupations soulevées dans le passé.

En conclusion, je tiens à vous dire que je m’attarde aux gens et aux résultats, et non aux processus. Nous constatons des changements positifs dans le dossier de la santé mentale, et le Bureau de l’ombudsman des vétérans continuera à s’y intéresser de manière objective ainsi qu’aux résultats obtenus.

Merci.

— 30 —