L'Ombudsman des vétérans devant le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes

Ottawa ON
Canada

Le colonel (à la retraite) Nishika Jardine, ombudsman des vétérans

Bonjour, Monsieur le Président, chers membres du Comité. 

Je vous remercie de m’avoir invitée à m’adresser à vous. Comme vous le savez, j’ai été nommée au poste d’ombudsman des vétérans en novembre dernier et je comparais devant vous aujourd’hui pour la première fois. J’ai l’honneur de vous faire part de notre plus récente étude et de notre rapport sur les avantages pour soins de santé mentale destinés aux membres de la famille des vétérans.  

Le principe de base de notre étude repose sur le fait que lorsqu’un militaire effectue son service militaire, sa famille le fait aussi. Par conséquent, nous croyons que les membres de la famille des vétérans méritent un accès exempt d’obstacles à un traitement de santé mentale financé lorsque leurs propres besoins sont liés au service militaire, ce qui n’est pas prévu à l’heure actuelle pour les membres de la famille qui ne participent pas au plan de traitement d’un vétéran.

Cette question n’est pas nouvelle pour nous.  C’est en 2016 que nous avons pour la première fois recommandé à Anciens Combattants Canada de financer les soins de santé mentale destinés aux membres de famille du vétéran, et ce, en leur propre nom et indépendamment des besoins du vétéran. 

À l’automne/hiver 2019-2020, notre bureau a reçu un certain nombre de plaintes entourant cette question. En février 2020, nous avons lancé une étude approfondie afin de mieux étayer notre recommandation antérieure. 

Nous avons publié nos conclusions le 19 janvier 2021.  Nous avons trouvé un nombre croissant de recherches canadiennes sur l’incidence du service sur les familles. On sait que les familles des militaires sont incroyablement résilientes, mais les preuves démontrent que le service militaire comporte avec lui des facteurs de stress uniques qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale d’un conjoint ou d’un enfant. Des affectations fréquentes, de longues absences multiples des militaires et le risque inhérent de maladie, de blessure ou de décès sont des facteurs importants qui ont une incidence sur la santé mentale et le bien-être de leur famille. Dans sa réponse à notre rapport, le ministre a reconnu « l’incidence du service militaire sur le bien-être des vétérans et des membres de leur famille ». 

À l’heure actuelle, le Ministère offre un traitement individuel en santé mentale limité aux conjoints et aux enfants, mais seulement lorsque le traitement du membre de la famille est directement lié à l’atteinte d’un résultat positif pour le vétéran. En fin de compte, cette politique a pour effet de créer à la fois une injustice et un désavantage pour les conjoints et les enfants des vétérans qui n’ont pas accès à un traitement financé à part entière simplement parce que le vétéran ne fait pas l’objet d’un traitement ou n’en a pas besoin.  

De notre point de vue de défenseur de l’équité, les familles, c’est-à-dire les conjoints, les ex-conjoints et les enfants, qui éprouvent des problèmes de santé mentale directement à cause de leur appartenance à une famille de militaire devraient avoir un accès indépendant à leurs propres avantages pour soins de santé mentale.

Permettez-moi de partager quelques-unes des histoires que l’on nous a permis de raconter :

Une conjointe nous a dit : « Je ne demande pas la charité. Je demande l’aide dont j’ai besoin pour soutenir un homme qui a déjà trop sacrifié en servant son pays. »

Un vétéran handicapé nous a dit que ses jeunes enfants devaient essentiellement s’occuper d’elle lorsqu’elle est rentrée à la maison brisée et qu’ils avaient, par conséquent, des problèmes de santé mentale. Elle raconte comment sa fille cadette, âgée de moins de 12 ans, a maintenant peur d’être seule. Elle a besoin d’être soignée, mais ne peut tout simplement pas se permettre de payer pour cela. 

Une autre conjointe a expliqué comment son conjoint vétéran souffre du trouble de stress post-traumatique, qui est aggravé lorsque ses épisodes causent de graves souffrances à ses enfants. Les enfants ont désespérément besoin d’un traitement professionnel adapté à leur âge pour les aider à comprendre l’affection de leur père, car c’est tout simplement au-delà de sa portée en tant que mère.

En somme, il y a une lacune dans la façon dont le Ministère remplit ses obligations envers les familles des vétérans. Nous avons fait trois recommandations :

D’abord et avant tout, les membres de la famille, y compris les conjoints, les ex conjoints, les survivants et les enfants à charge, doivent avoir accès à un traitement de santé mentale financé par le gouvernement fédéral lorsque la maladie mentale est liée à des affectations liées au service militaire vécues par le membre de la famille. Cela devrait se faire indépendamment du plan de traitement du vétéran, et peu importe s’il se livre à un traitement. 

Deuxièmement, le Ministère doit effectuer et publier une analyse comparative entre les sexes de ses politiques et règlements en matière de soutien en santé mentale aux familles des vétérans. 

Enfin, le Ministère doit continuer de faire preuve de souplesse pour répondre aux besoins individuels en santé mentale des membres de la famille.

Bref, nous croyons qu’il s’agit d’une question importante en matière d’équité qui demande de l’attention et des mesures. De plus, nous espérons qu’en publiant nos conclusions nous constaterons des progrès sur cette question qui tient compte du coût du service que certains membres de la famille paient. Votre intérêt à maintenir la conversation est très important pour moi en tant qu’ombudsman des vétérans, ainsi que pour mon bureau. Encore une fois, je vous remercie de votre invitation à partager notre rapport avec vous.


 

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