Guy Parent s'adresse aux dirigeants municipaux - Conférence annuelle de la Fédération canadienne des municipalités

Ottawa ON
Canada

Ottawa - le 4 juin 2011

Halifax - le 4 juin 2011

Mesdames et messieurs, bonjour.

Je tiens d’abord à remercier le maire Diodati pour cette belle présentation et pour son appui au premier rendez vous national des vétérans canadiens. Grâce au maire Diodati et à la Ville de Niagara Falls, entre autres, l’événement s’annonce fort intéressant.

De plus, je souhaite remercier le maire Peter Kelly et la Municipalité régionale d’Halifax d’avoir accueilli le congrès annuel de la  FCM  cette année, dans ce coin magnifique de la Nouvelle Écosse et la Fédération canadienne des municipalités (ouvrira une nouvelle fenêtre) de m’avoir invité à vous adresser la parole aujourd’hui.

Mesdames et messieurs, Jack Layton a placé la barre haute, mais je ferai de mon mieux! D’autant plus que je sais que le sujet de mon allocution, nos vétérans, vous intéresse grandement et vous tient beaucoup à cœur.

C’est un honneur pour moi d’être ici, à Halifax, pour parler aux dirigeants municipaux du Canada.

Ce congrès est le plus gros rassemblement annuel d’élus au Canada, alors il me semblait tout à fait naturel d’y venir pour remercier les dirigeants municipaux et les municipalités de partout au pays pour leur soutien indéfectible à l’égard de nos vétérans, de leur famille et de leurs organisations.

Il y a aujourd’hui près de 800 000 vétérans au Canada – et ils vivent tous dans vos collectivités. Chaque année, il y a 5 000 nouveaux vétérans des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada.

Ce sont des hommes et des femmes qui ont fièrement servi notre pays pendant la Première et Seconde Guerre mondiales, pendant la guerre de Corée et dans plus d’une cinquantaine de missions aux quatre coins de la planète, notamment au Koweït, en Croatie et en Bosnie Herzégovine, au Kosovo et en Afghanistan.

Ici, chez nous, ils ont mené des missions de recherche et de sauvetage à risque élevé au large de nos côtes, ils ont protégé notre souveraineté dans le Grand Nord, et ils ont aidé les collectivités qui sont aux prises avec des catastrophes naturelles, comme les récentes inondations au Manitoba et au Québec.

Nos vétérans comptent des anciens membres des Forces canadiennes ainsi que des membres de la Gendarmerie royale du Canada, qui, eux aussi, participent à des missions à l’étranger en vue de protéger des populations faibles et vulnérables.

Certains vétérans sont dans la vingtaine, tandis que d’autres ont plus de 90 ans.

Malgré leur âge et leurs diverses catégories de service, ils ont tous deux choses en commun.

Premièrement, quand ils se sont enrôlés, ils ont tous fait un chèque en blanc à l’ordre du « peuple canadien », en sachant que le montant pouvait aller jusqu’à leur vie.

Ce chèque en blanc est souvent appelé la « clause de responsabilité illimitée », puisque les soldats, les marins, les aviateurs et les agents de police fédéraux sont tenus d’exécuter leurs fonctions n’importe où dans le monde sans égard à leur peur et d’être prêts à donner leur vie pour leur pays. En retour, notre pays a une obligation morale et légale de prendre soin d’eux et de leur famille.

Deuxièmement, quand ils enlèvent l’uniforme, ils continuent à servir leur pays et leur collectivité en tant que membres civils de la société. Leur engagement aux valeurs canadiennes demeure solide. Les municipalités apprécient beaucoup ces vétérans hautement compétents ainsi que leurs qualités de leader. Cette appréciation se reflète dans les pratiques d’embauchage de bon nombre de services d’incendie, de police et d’ambulance. En outre, ces vétérans servent vos collectivités en tant qu’enseignants, chefs d’entreprise et bénévoles.

En effet, il n’y a pas une seule collectivité au Canada qui n’ait pas bénéficié de l’engagement permanent de ses vétérans.

Après leur service, ils s’établissent dans vos villes et vos villages, tant les grands centres que les petits hameaux, et vous aident à grandir, comme le dit si bien le thème de votre congrès : Des villes et des collectivités fortes, la clé d'un Canada fort!

Vous commémorez et soulignez leurs contributions avec vos cénotaphes et vos monuments de guerre, de même qu’avec vos cimetières comme le cimetière Brookside, à Winnipeg, qui est le Champ d’honneur militaire municipal le plus important et le plus ancien du Canada. Plus de 12 000 vétérans, militaires et membres de leur famille y ont été enterrés depuis 1915.

D’un océan à l’autre, vous commémorez et honorez les contributions des vétérans avec vos parcs et jardins commémoratifs et avec vos autoroutes commémoratives. De plus, vous aidez les vétérans en reconnaissant leurs plaques d’immatriculation, leurs permis de stationnement et leurs laissez passer de transport en commun.

Ici à Halifax, par exemple, le maire Peter Kelly a lancé un projet visant à souligner l’apport considérable des bénévoles de la famille militaire à la municipalité. L’épinglette du maire en l’honneur des bénévoles du Centenaire de la Marine canadienne a été remise aux personnes qui ont fait un minimum de 100 heures de bénévolat pour une œuvre de bienfaisance ou un organisme quelconque de la municipalité.

Et vous faites d’autres choses spéciales. Par exemple, le canton d’Assiginack, en Ontario, a créé une galerie d’honneur en ligne pour rendre hommage à tous les vétérans qui ont un lien avec la région et qui ont défendu ou continuent de défendre notre pays, nos idéaux et nos citoyens. De plus, en avril, la ville de Québec a inauguré une exposition intitulée Nos soldats canadiens, de Normandie à Kandahar, qui prendra fin en décembre. Grâce à des photos, à des témoignages et à des documents d’archive, l’exposition raconte la vie de soldats, leurs passe temps, leur recrutement, leurs affectations ainsi que le coût de l’engagement de bon nombre d’eux.

Il ne fait pas de doute que les dirigeants municipaux appuient les vétérans et leur famille depuis le début.

Longtemps même avant la création du ministère des Anciens Combattants, les leaders communautaires et les citoyens ont fait leur part pour aider une jeune nation à tenir ses engagements de guerre, et ils étaient prêts à recevoir et à aider les soldats blessés qui revenaient au pays ainsi que leur famille.

À l’époque de la Première Guerre mondiale, il n’existait pas de régime national de soins de santé, peu d’hôpitaux, et le gouvernement fédéral était dépassé par le nombre de blessés. Heureusement, les municipalités étaient là pour combler le vide. Et, bien qu’aujourd’hui, cette responsabilité relève du gouvernement fédéral et, en particulier, d’Anciens Combattants Canada, le soutien offert aux vétérans par les dirigeants municipaux depuis des générations, ainsi que le lien entre les municipalités et les vétérans, n’ont jamais été aussi dynamiques. Et je vous en remercie.

Je vous remercie surtout puisque, en tant qu’ombudsman des vétérans, je sais à quel point le lien avec la collectivité est important pour le bien être des vétérans et de leur famille. Je suis ici aujourd’hui pour reconnaître ce lien crucial et pour partager avec vous quelques idées qui, à mon avis, pourraient nous aider à l’améliorer.

Bien que la majorité des vétérans quittent leurs fonctions en bonne santé et réintègrent facilement la vie civile, pour ceux qui ont des blessures physiques et psychologiques, la route est plus difficile.

Il revient au gouvernement du Canada de veiller à ce que les vétérans malades ou blessés bénéficient du soutien et des services dont ils ont besoin. Cependant, nul ne peut nier que les familles constituent le soutien principal pour les vétérans, et que ce sont souvent les municipalités qui sont la première ligne pour la prestation de services.

Quand un vétéran ou un membre de sa famille a besoin d’aide et de soutien, il demande souvent à sa municipalité où il peut obtenir des services, et, comme les vétérans sont fiers et qu’ils ont été formés à être autonomes, ils ne trouvent pas toujours cela facile de demander de l’aide. Souvent, ils ne disent même pas qu’ils sont des vétérans.

Alors, ma première suggestion est que vous demandiez à vos employés municipaux de première ligne de poser la question suivante à leurs clients : Avez vous fait du service militaire ou du service avec la  GRC ?

S’ils répondent « oui », dirigez les vers Anciens Combattants Canada après que vous, la municipalité, aurez répondu aux besoins immédiats auxquels vous êtes en mesure de répondre. Il s’agit d’un lien crucial à faire pour le vétéran, et les municipalités sont uniquement placées pour le faire. Après cela, le Ministère pourra déterminer si les vétérans sont admissibles à ses programmes et services.

Deuxièmement, je vous encourage à rendre hommage aux vétérans non seulement lors du jour du Souvenir, mais pendant toute l’année. Vous pourriez suivre l’exemple du canton d’Assiginack, qui a créé une galerie d’honneur en ligne pour rendre hommage à tous ses vétérans. Si chaque fois qu’un de vos citoyens visite votre site Web, il pouvait prendre connaissance des vétérans de votre collectivité et de leur contribution à la protection des valeurs et du mode de vie du Canada, cela serait un hommage vibrant aux hommes et aux femmes de votre collectivité qui étaient prêts à donner leur vie pour vous.

Troisièmement, s’il vous plaît, continuez d’appuyer les organisations de vétérans dans votre collectivité. Elles ne font pas que soutenir les vétérans, elles redonnent à votre collectivité tous les jours.

À l’heure actuelle, le statu quo relativement aux préoccupations des vétérans canadiens ne tient plus. En effet, nous vivons une période de gros changements et de progrès. Les préoccupations des vétérans tiennent à cœur à la population canadienne comme on ne l’a pas vu depuis bien longtemps, et font régulièrement les manchettes. Les Canadiens et les Canadiennes suivent la situation et s’attendent à ce que les vétérans et leur famille soient traités de la meilleure manière qui soit.

Les parlementaires attachent également plus d’importance aux préoccupations des vétérans. En fait, le 24 mars 2011, ils ont adopté le projet de loi C 55, la Loi améliorant la Nouvelle Charte des anciens combattants, entamant ainsi un processus important, soit celui d’améliorer la Nouvelle Charte des anciens combattants adoptée en 2006. De plus, Anciens Combattants Canada effectue de nombreux changements afin de pouvoir mieux servir les vétérans.

En tant qu’ombudsman des vétérans, mon rôle d’agent impartial et indépendant est de veiller à ce qu’Anciens Combattants Canada et les parlementaires traitent les vétérans de manière que leurs besoins et ceux de leur famille soient satisfaits et que les avantages et les services destinés aux vétérans malades ou blessés soient fournis avec le plus d’efficacité, d’équité et de respect possible.

Et, en tant que conseiller spécial du ministre des Anciens Combattants, je me fais un devoir de lui signaler les politiques, les procédures et les processus administratifs qui créent des difficultés pour les vétérans et de proposer des améliorations. Au bout du compte, je veux m’assurer que les vétérans et leur famille sont traités équitablement, avec toute la dignité et tout le respect qu’ils méritent.

Je compte sur une équipe de 40 personnes à Ottawa et Charlottetown. L’équipe répond aux préoccupations et traite les plaintes des vétérans, mène des enquêtes et fait de la recherche sur des enjeux d’intérêt pour la collectivité des vétérans.

J’ai aussi besoin de vous – les dirigeants municipaux du Canada – et de votre municipalité pour faire ce petit effort supplémentaire, c’est à dire de sensibiliser davantage vos employés de première ligne à la meilleure façon de servir les vétérans et à la meilleure façon de les diriger vers les services et les programmes qui leur sont offerts par Anciens Combattants Canada.

Je vous encourage également à faire participer davantage les vétérans, leur famille et leurs organisations à la vie de votre collectivité. C’est une façon de leur rendre hommage. Ils ont bien servi le Canada, et ils ne cesseront de servir nos collectivités, tout comme nous devons continuer de les servir.

Merci.

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